Le cœur des Highlands ! par Christel Chevron

C’est toujours avec enthousiasme et passion que les athlètes de l’OCCBA parcourent la France ou le monde pour faire rayonner le club, battre des records dans toutes les disciplines, dépasser leurs limites, voire tout simplement se faire plaisir. Je suis toujours admirative des exploits de tous et fière d’en faire très humblement parti (à mon petit niveau). Un club où personne ne se juge. Où chacun : athlètes, juges, entraîneurs, membres du bureau, bénévoles trouve sa place et écrit à sa façon, selon ses capacités, ses choix, ses goûts, ses envies, son idéal quelques lignes d’une histoire individuelle mais aussi collective.

C’est en Ecosse, dans les Highlands, que j’ai transporté dans mon cœur le maillot des bleus pour une escapade de 5 jours avec en prime la participation à un trekathon : « The Great Glencoe Challenge ». (Note : Pour le maillot, juste dans le cœur car au regard de la météo le débardeur aurait été peu adapté!). Un trekathon, c’est un peu comme un marathon, couvrant la même distance mythique, que certains de nos athlètes connaissent bien (soit 26,2 miles ou 42,195 kilomètres), mais version randonnée, hors route et sur un terrain (très) mixte.

Le parcours part du cœur de Glencoe. Ce site est connu par les Ecossais et quelques initiés pour le massacre qui y eut lieu en 1692 au cours duquel 38 membres du clan McDonald furent tués pour avoir tardé à prêter allégeance à Guillaume III d’Angleterre, par d’autres au travers d’une multitude de films ou séries comme Harry Potter, Skyfall ou Outlander (chacun sa référence !). Il poursuit son chemin par le « devil Staircaise » ou sentier de l’escalier du diable (Pas besoin d’en dire plus ?), construit par des soldats britanniques au début des années 1700, sur une partie du West Highland Way. Il se termine enfin au pied du Ben Nevis, point culminant d’Ecosse.

The Great Glencoe Challenge se déroule dans des paysages montagneux aussi différents que spectaculaires, qu’il est difficile de décrire en quelques phrases. Je vais néanmoins tenter de vous en faire profiter….

Le départ emprunte un petit chemin sinueux à peine visible au milieu de fougères, arbustes, hautes herbes verdoyantes et ronces. Il conduit vers la traversée de la steppe « Highlandaise » gorgée d’eau dans laquelle mes pieds s’enfoncent jusqu’aux mollets (voire même 3 ou 4 fois jusqu’aux genoux me laissant dans des postures assez scabreuses!). La steppe est entrecoupée de petits ruisseaux et cascades. Au bout de quelques kilomètres, je n’hésite plus à les franchir sans me soucier de poser les pieds sur les quelques cailloux présents supposés aider les randonneurs à les passer. Il est déjà trop tard pour espérer garder les pieds au sec. C’est à ce moment-là, sentant mes orteils baigner dans une mini piscine intérieure que je réalise que le principe des chaussures de randonnée imperméable est absolument réversible ! Ce qui ne rentre pas, ne rentre pas mais ce qui est dedans…reste dedans !

Un vent glacial, qui déstabilise par moment ma marche, et une pluie battante intermittente, qui au fur et à mesure de la montée se transformera en grêle, m’accompagnent alors jusqu’au premier des deux plus hauts sommets, sur le sentier de l’escalier du diable. C’est d’ailleurs ce sommet qui me laissera le souvenir impérissable d’une contracture derrière la cuisse qui me terrassera 15 bonnes minutes. Mais il n’était pas question que le diable ait raison de ma motivation !

Après la descente et une pause de mi-parcours, j’entame l’ascension du second « plus haut sommet », cette fois sans pluie mais le terrain a changé. Je me retrouve au milieu des roches auxquelles parfois je dois m’agripper pour me hisser. (Je confirme, je suis petite !!!)

Le plateau qui m’attend en haut laisse entrevoir des paysages encore plus majestueux mais une longue marche sur un chemin sinueux faits de gravillons et de galets, toujours entrecoupé de petites cascades m’attend avec un vent de face qui ne me laissera aucun répit. Je ne peux néanmoins m’empêcher de sortir mon téléphone toutes les 10 minutes pour immortaliser ces couleurs changeantes dont la palette naturelle ferait rêver tous les artistes peintres. Je pense au Président qui déteste que je fasse cela et qui s’il était avec moi me remettrait au pas !

A ce moment-là cependant, je me sens envahie par une sensation d’éloignement réel ! Je suis seule…

Au trentième kilomètre, j’entame une dernière petite escalade qui me parait, bien que moins imposante que les deux autres et non indiquée comme aboutissant à un nouveau sommet, in-ter-mi-na-ble. Le soleil continue à jouer avec les nuages. Le vent souffle sur les nuages gonflés d’eaux qui se déversent en quelques minutes sur moi par intermittences. J’ai abandonné l’idée de sortir mon poncho à chaque fois et de couvrir mon sac à dos. Abandonné aussi l’idée de les laisser en place. Le poncho c’est comme le K-way…On est plus mouillé à l’intérieur ! Et la housse ne sert plus à rien tellement elle dégorge d’eau. (Qui a dit : quelle relou ? Je l’avoue c’est vrai….Je le suis. Mais seule je n’ai gêné personne et promis j’ai fait bonne figure !)

Après 12h de marche (le temps que je m’étais fixé avec les pauses en tout genre pour pouvoir en profiter au maximum. Le but pour moi n’étant pas « le chronomètre »…), presque 1700 mètres de dénivelé (Et pour une Beauceronne, j’ai le droit de dire que ça grimpe!), en maudissant mon peu d’entrainement, je passe la ligne d’arrivée sous la pluie qui a de nouveau repris. H-e-u-r-e-u-s-e d’avoir relevé mon défit !!! 

Félicitations Christel et merci pour ce récit !